AIMS 2014
Corbel, P. « Gérer l’empreinte d’un modèle dominant : le cas de l’influence du modèle PFI dans le champ du management stratégique de l’innovation et de la propriété intellectuelle », Actes de la XXIIIème Conférence Internationale de l'AIMS (Association Internationale de Management Stratégique), Rennes, mai 2014
Résumé :
Dans ce papier, nous nous posons la question de la place du modèle « Profiting from innovation » proposé par David J. Teece dans le champ du management stratégique de l’innovation. Celui-ci s’est imposé comme le modèle de référence dès lors qu’il s’agit d’évaluer la capacité d’une entreprise à tirer elle-même bénéfice des innovations dont elle est à l’origine et les stratégies qu’elle peut mettre en œuvre pour le faire. Ce modèle donne une importance particulière aux « régimes d’appropriation » et donc à la propriété intellectuelle. Dès lors, il apparaît comme quasiment incontournable dès lors que l’on aborde le management stratégique des droits de la propriété intellectuelle (désormais PI).
S’il en est ainsi, c’est qu’il éclaire de manière « sobre » (sans complexité excessive) et puissante une problématique classique en économie et en management de l’innovation. Il a également le mérite d’établir un lien entre les moyens d’appropriation (secret, brevet essentiellement) et d’autres actifs que détiendrait l’entreprise (les fameux « actifs complémentaires »). Il s’intègre donc très naturellement dans l’approche par les ressources et dans les autres apports théoriques de son auteur, en particulier le concept de « capacités dynamiques » (Teece et al., 1997). Mais il focalise l’attention sur une certaine approche des droits de PI. Paradoxalement, c’est donc à la fois le modèle qui a permis de connecter stratégie de PI et stratégie générale de l’entreprise et un modèle qui risque de brider les avancées dans ce domaine.
Nous proposons donc un élargissement de ce modèle PFI en introduisant la recherche directe d’un autre type de rente économique (les rentes ricardiennes, ou schumpeteriennes) mais aussi un type de rente de nature totalement différente (les rentes d’apprentissage). Cet élargissement s’appuie notamment sur les travaux de Kay (2010) dont la thèse principale est que les buts sont le plus souvent mieux atteints indirectement, avec un raisonnement « oblique », plutôt que directement. Bien qu’il conserve les fondements du modèle de Teece, cet élargissement permet selon nous de mieux prendre certains phénomènes récents ou dont la prise de conscience dans la recherche en management stratégique est récente. Nous focalisons plus particulièrement notre analyse sur le management stratégique des droits de PI, domaine particulièrement influencé par le modèle PFI, même si nous sommes amenés à établir des liens avec d’autres aspects du management de l’innovation.